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14 Septembre 2011 Voyage en terres nomades (semaine 5)

Maxime BARAT finit cette semaine son séjour en Géorgie et tente de passer au Kazakhstan. Cette étape ne manquera pas de piquant.
Après ces quelques jours en Svaneti, je reprends donc la route pour Tbilissi, la capitale. J’ai près de 400 km à faire alors il vaut mieux ne pas trop trainer car les 30 premiers kilomètres se font sans bitume. D’ailleurs je serai victime de ma première crevaison depuis le début du voyage sur cette fameuse portion. Pas de problème, une mèche et je suis reparti. En fait le trou est plus gros que je ne le pensais et je devrai m’arrêter un peu plus loin pour en mettre deux. Maintenant mon pneu est comme neuf. La route pour aller à Tbilissi est pénible, c’est encombré et très dangereux. Les gens se doublent à deux ou trois de front, les pneus qui crissent et les évitements se terminent sur le bas-côté. C’est bien pire qu’en Turquie. Etre en moto m’offre l’avantage de me faufiler facilement mais je n’ai pas le droit à l’erreur. Dans ce genre de situation l’ABS est souverain et je me sens rassuré de savoir que ma Versys en est équipée.

Tbilissi est une ville comme je les aime, pleine de recoins et un peu mystérieuse. C’est très joli et il suffit de prendre une ruelle transversale pour se rendre compte que seules les grandes avenues sont refaites. C’est bien simple aucune façade n’est droite et elles sont en général fissurées mais cela donne un charme fou à cette ville. Ca me rappelle le Sud-Ouest, l’ambiance est bon enfant, les gens sont des bons vivants, ce pays c’est un peu le coup de foudre. Ça sera pour moi l’occasion d’aller faire un tour aux bains chauds avec un groupe de polonais très sympa et de gouter le meilleur kebab de toute ma vie.

Ma dernière étape sera donc Lagodekhi au Nord. D’une part, pour le parc national qui vaut le détour et d’autre part, pour le poste de frontière peu fréquenté et très facile à passer. La route pour Baku est longue et ennuyeuse : 500 km de ligne droite à travers des paysages désertiques où défilent les puits pétroliers. Ca me change de la Géorgie, surtout que Baku ne m’enchantera pas plus que cela. Mais dans cette zone où les conflits politiques sont nombreux, prendre un ferry au départ de Baku est la seule solution pour rejoindre le Kazakhstan sereinement. Baku est l’étape décisive de mon voyage.

Je me retrouve en effet coincé dans une ville sans âme, avec ma moto qui est immobilisée au port vu qu’après 72h sur le territoire je n’ai plus le droit de la conduire. Je dois donc attendre un ferry qui peut arriver d’un jour à l’autre ce qui m’oblige à me rendre 2 fois par jour au bureau des renseignements du port. Enfin, bureau c’est un grand mot. Il s’agit plus d’une salle mal éclairée et décrépie où un homme et une femme très désagréables vous lancent sans aucune autre information, « no ship today, tomorrow maybe » (Pas de bateau pour aujourd’hui, peut-être demain). Les ferrys sont irréguliers et à l’auberge, la patronne m’a dit qu’un cycliste avait attendu 10 jours avant de pouvoir embarquer. Cela fait maintenant 4 jours que j’attends. Heureusement hier, un français est arrivé à l’auberge. La journée est donc passée beaucoup plus vite devant la coupe du monde de rugby, à discuter de nos projets et de nos expériences personnelles. Il a démarré un tour du monde en Solex depuis fin juin. Malheureusement, il se l’est fait « emprunter » à Ljubljana et continue donc son périple en transport et en stop. Le soir sera l’occasion de se faire un bon repas sous le regard amusé des femmes de l’auberge qui n’ont surement jamais vu des hommes faire la cuisine. Même l’oncle Micha l’oncle viendra régulièrement durant la préparation pour voir ce que cela donne. La soirée se poursuivra dans Baku et se prolongera jusque tard dans la nuit, avec comme thème de prédilection « LE VOYAGE ». D’ailleurs la question qui revient le plus souvent, c’est pourquoi ? Je pense que voyager, c’est retomber en enfance. A la différence près que l’on vit les aventures dont on rêvait plus jeune.

Lundi 12 septembre, voilà maintenant 5 jours que j’attends, sans aucune information. Comme tous les matins je me rends au port et le préposé aux renseignements passe alors quelques coups de fil mais sans succès. Je lui demande alors d’appeler son supérieur pour avoir plus de renseignements. Il lui faudra bien une bonne demi-heure avant de me confirmer qu’un bateau m’attend aujourd’hui. Youpi !!! Vite, direction l’auberge, où je charge toutes mes affaires, puis la billetterie et enfin le port. Il est midi, le bateau part dans deux heures, ou plutôt 3h, ou peut- être 4. Finalement nous sommes partis à 18h. Je suis vraiment trop content de quitter enfin Bakou. Le ferry, si je puis dire, est vraiment usé de l’intérieur. Le salon est fermé, le bar aussi. De toute façon les gilets de sauvetage ont remplacé les bouteilles, une page se tourne pour moi. Direction les grandes étendues, avec ma moto et ma tente. Je me trouve une place de choix pour regarder le soleil se coucher, sur le pont supérieur. Je suis tout seul, je regarde le paysage, les plates-formes pétrolières et l’horizon, je me détends enfin car mon voyage reprend.

Rendez-vous dans une semaine pour suivre sa traversée du Kazakhstan .