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28 Octobre 2011 Voyage en terres nomades (semaine 11)

Cette semaine, Maxime BARAT est arrivé à Oulan Bator, la capitale de la Mongolie. Mais son chemin n’a pas été des plus aisés. Voyons ce qu’il a traversé.
« C’est dingue j’ai encore du mal à réaliser les trois jours précédents que je viens de passer dans l’Altaï. Je vous invite d’ailleurs à regarder ces deux vidéos :
Mon arrivée en Mongolie ou comment faire les 100km entre la frontière et Olgy en 8h, c’est un peu ma croisière blanche
Les trois plus beaux jours de mon voyage

L’objectif de la semaine, c’était Oulan Bator. 2 000 kilomètres à parcourir. Je devais absolument y être dimanche pour pouvoir démarrer mes démarches pour le visa russe dès lundi. Effectivement, c’est toujours la course. Je suis donc passé par Hovd puis Altaï une ville du Sud avant de remonter vers Tosonserleg, Tarai, Karakorum et enfin Oulan Bator.

Entre Hovd et Altai j’ai dormi pour la première fois chez des nomades. Contrairement à l’Altaï où les gers (et non yourte) ne se trouvaient guères à plus de 30 km des villes à cause de la rudesse du climat, ici, j’en vois régulièrement. Je m’arrête au hasard et me dirige vers une vieille dame. C’est arrangé, ce soir, je dors au chaud chez elle. C’est aussi l’occasion de faire aussi la connaissance des voisins. Si j’ai été déçu par les mongols à Olgy, ici c’est vraiment au top.

Nous passons de très bon moment ensemble. J’ai même pu essayer leur Versys à eux: le cheval. C’est génial de les voir rassembler et organiser leur troupeau. Après, il faut s’habituer à de nouvelles mœurs. En effet, les nomades vivent dans des gers qui leur servent de chambre, de salon, de salle à manger et de cuisine. Ils n’ont donc pas les mêmes distances sociales que nous. C’est déstabilisant au début mais on s’y habitue très vite. De plus, pour eux, l’échange et le troc sont très importants. Moi, je trouve cela assez sympa. C’était vraiment une superbe expérience.

La route pour rejoindre Oulan Bator est vraiment variée. Parfois, je roule en pleine steppe et navigue au cap, parfois je suis en pleine montagne, obligé de rouler sur de la neige, de la glace, de la boue ou du verglas mais j’ai aussi parfois de grandes portions de piste qui ressemblent à de la tôle ondulée. Sur ces vaguelettes pas question de rouler à moins de 80 km/h sinon la Versys vibre de trop. J’ai l’impression de roule vite, très vite. Après un sortie de courbe en légère dérive, je passe mes rapports autour de 8 000 tr/min. J’abuse un peu je sais mais cela me détend même si je dois rester très concentré. Je ne pensais pas un jour rouler si vite sur de la terre. Après une courte pause, je me dirige vers ma Versys pour reprendre la route et il me semble qu’il me manque quelque chose. Oups, j’ai perdu ma plaque d’immatriculation ! Bon et bien je vais être obligé de faire avec et de circuler sans le temps de rejoindre Oulan Bator.

Cependant, sur la route, il n’y a pas que les merveilleux paysages qui rythment le voyage. Les rencontres sont comme toujours très enrichissantes. Que ce soit ces trois compères tentant de réparer leur camion qui m’offriront un petit remontant ou encore ce nomade avec son cheval un peu fougueux, ça n’arrete pas. Finalement, il y du monde dans le désert ! Le cavalier a l’air de s’amuser comme un fou. On s’arrête, on se salue. Chacun est fier de sa monture, de ce qu’elle représente et de ce qu’il ressent en ce moment même: la liberté. Puis chacun reprend sa route. Certains échanges se font sans paroles et c’est aussi ça la magie du voyage.

Maintenant, tout redevient blanc, neigeux et verglacé. Je repasse la première et progresse tranquillement à 25 km/h. Pour le verglas il n’y a qu’une seule solution: attendre que cela passe. Mais le paysage est beau alors je patiente avec plaisir.

Dernière ligne droite avant Oulan Bator (au propre comme au figuré). Il ne me reste plus que 400 kilomètres à parcourir. Je suis vraiment fatigué par les 10 jours que je viens de passer mais je sais que j’arriverai en toute fin d’après midi et que ce soir j’aurai l’eau courante, le chauffage et un lit douillet.

Je roule mais voilà, j’ai la tête ailleurs. Je repense à mon arrivée en Mongolie sous la neige et à mon escapade dans l’Altaï. Et puis surtout, ce n’est que de la route droite et monotone et cela ne m’enchante pas plus que ça. Je ne traine pas, je vois la steppe défiler mais je ne fais déjà plus partie du paysage. Je suis derrière ma bulle et j’ai comme l’impression d’être devant mon écran de télévision. Je vois bien quelques nomades à cheval mais ils sont à plus de 500m et les nombreuses gers sur le bord des routes ne sont que des restaurants à touristes bien loin de l’authenticité que j’aime tant dans ce voyage.

Plus que 200 kilomètres. Le froid n’est pas trop prenant. Au loin un véhicule semble garé au milieu de la route. Mon premier contrôle de police en Mongolie ! Un des policiers me fait signe de m’arrêter, je m’exécute. Il m’envoie alors voir son supérieur dans le 4x4. Celui-ci contrôle mes papiers, me regarde en souriant et re-contrôle mes papiers. Après 15 minutes je lui tends ma main pour qu’il me les rende et pour que je puisse reprendre la route. Cependant, il me regarde toujours en souriant. J’entame alors la conversation en lui demandant combien de kilomètres il me reste à parcourir pour arriver à Oulan Bator. Il me répond puis sort du 4x4 et vient contrôler ma moto. Je lui explique alors en détail le contenu de mes bagages et commence à me demander s’il va remarquer que je n’ai plus de plaque. Je me prépare mentalement à lui expliquer que je l’ai perdu sur les pistes et que j’attendais d’arriver en ville pour en refaire une. Il me demande soudainement s’il peut essayer la Versys. Je lui réponds que ce n’est pas possible car s’il avait un accident nous ne serions pas assurés, que mon casque est trop petit pour lui, etc. Mais il a toujours mes papiers en main. C’est à ce moment-là que je le regarde puis que je regarde son 4x4 équipé de gyrophares. Je le regarde à nouveau et lui lance un grand sourire. Il a compris. Je veux bien lui prêter ma moto s’il me laisse conduire son 4x4. Marché conclu : il part essayer ma moto et j’essaye son 4x4. Il fait 300m et fait demi -tour. Il revient alors tout sourire et me dit que la Versys est géniale ! A mon tour maintenant. Pour démarrer le 4x4, il faut pomper avec l’accélérateur, tirer sur le démarreur, re-pomper, etc. Je passe la première, ça craque. La deuxième aussi. J’atteins 60 km/h en 3 mais j’ai l’impression d’être au double. Il me dit alors de faire de mi tour. Je freine mais il ne se passe rien. Je suis obligé de pomper plusieurs fois et de rétrograder pour enfin ralentir. Je tourne ensuite le volant, mais lui aussi met du temps à réagir. Je suis hilare et l’inspecteur aussi. 5 minutes après je reprends la route et arrive vers 19h à Oulan Bator.

Je suis véritablement très heureux d’avoir atteint mon objectif avec BAZARJOK ! Et oui, j’ai baptisé ma moto en Kazakh. Cela veut dire, littéralement, « Y a pas de soucis !» et cela correspond bien à la Versys, ma manière de vivre et de voyager. »

Maxime va rester environ une semaine avant de se préparer à son retour en France. Nous verrons la semaine prochaine comment il a occupé son temps en Mongolie.