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24 Avril 2013 A la découverte de l'Amérique Latine (sem. 15)

Maxime Barat, de nouveau seul sur sa Versys continue son chemin à travers l'Amérique du Sud. Une nouvelle semaine et une nouvelle expédition à travers la Cordillère blanche.
Maxime Barat : "Après le retour en France de Sabrina, j’ai repris la route vers le Nord.

Vers 11 heures, j’aperçois une vieille BMW devant moi. Je dépasse le motard et lui fait signe de s’arrêter. Forcément c’est un allemand. Un sacré « bourlingueur » ! Il a démarré son tour du monde en mai 2010 en partant vers l’Est. Après l’Asie puis l’Australie, le voici en Amérique du Sud qu’il remonte tambours battants afin d’être en aout en Alaska. Tout un programme. A Barrancay nous nous séparons. Je quitte la Panaméricaine en direction de Huaraz et de la Cordillère Blanche. Grandiose ! La Cordillère Blanche possède les plus belles montagnes glaciaires d’Amérique du Sud et de magnifiques lacs d’altitude à l’eau turquoise. C’est aussi l’occasion d’aller à la rencontre des populations andines dans des lieux inaccessibles en moto, même pour la Versys.

Le 11 avril, j’ai fait les préparatifs à Huaraz et je me suis rendu dans le petit village de Cashapampa où j’ai passé la nuit. Ce sera le départ du trek à 2900 mètres d’altitude.

Le lendemain je pars à 8 heures à pied pour Hualcayan. Cette petite mise en jambe est l’occasion de traverser ce plateau agricole et de discuter avec une famille rencontrée en chemin qui se rend aussi à Hualcayan. Sur la fin du parcours je les laisse partir devant, mon sac est lourd et je préfère m’économiser. J’arrive vers midi à Hualcayan où je fais une dernière pause à 3200 mètres avant d’entamer l’ascension des premiers alpages. Pour cette première journée je m’arrête à 16 heures à 3800 mètres d’altitude afin de monter mon campement. Pour limiter le poids du sac, je n’ai pas pris de tente mais seulement une bâche et un hamac ce qui prend forcément un peu plus de temps à installer.

Après une nuit pluvieuse, je reprends le sentier qui monte à flanc de montagne. Mais moralement c’est dur car j’aperçois toujours le village. Heureusement, vers 4200 mètres, les paysages changent, je me rapproche des lagunes. Vers 15h30, enfin, j’arrive à la lagune Cullicotcha à 4650 mètres d’altitude. Je préfère m’arrêter là pour aujourd’hui, la vue est magnifique.

Le lendemain matin, cela fait déjà un bon moment que je suis réveillé lorsque le soleil pointe et fait fondre la glace sur la bâche. Qu’est-ce qu’il a fait froid cette nuit ! Durant la matinée, je passe l’abra Cullicotcha à 4850 ètresm d’altitude puis l’alto de alpamayo à 4700 mètres avant de faire ma première rencontre en deux jours. Sam, un américain qui n’a vu personne depuis 3 jours, est bien content de trouver quelqu’un à qui parler. Je poursuis ensuite la descente dans la vallée et suit la rivière jusqu’à m’installer sur son rivage là où demain je bifurquerai pour le col de Cara Cara.

J’ai bien mis 3 quart d’heure avant de trouver le chemin pour le col, mais, à force de tâtonnement, je grimpe et parviens enfin en haut. La descente de l’autre côté n’est pas simple non plus. Je traverse un vallon à la limite du marécage avant de remonter vers le paso de Mesopampa. La vue sur les sommets enneigés est splendide, mais rapidement, le temps se couvre, alors je descends vers la lagune Safuna. En chemin, 5 chevaux galopent ventre à terre suivi d’un berger sur sa monture. Il s’appelle Jésus. Je le salue, il s’arrête, nous discutons, il m’invite à manger, puis à dormir et finalement à rester le lendemain.

Après une bonne nuit dans un lit de paille aux dimensions péruviennes (1m50), nous voilà partis nous promener dans la vallée à chercher ses animaux dans l’une des plus belles chaînes montagneuses au monde. Vers 13 heures, nous rentrons finir les restes de soupe de la veille puis nous nous faisons frire du maïs avant d’entamer une sacrée partie de pêche dans la rivière en face. Avec son filet il a ramené 20 truites en moins d’une heure ! Il est 17 heure lorsque nous terminons de les vider. C’est surprenant de les voir s’agiter alors que je viens suis en train de les vider. La soirée se termine ainsi, le ventre plein, satisfait de ma journée dans la peau d’un berger.

Je serai bien resté plus longtemps mais je dois vraiment continuer ma progression. Il m’indique le chemin pour passer le col mais celui-ci n’est vraiment pas évident et les nuages bouchent la vue. Je tente quand même de trouver le passage mais au bout d’une heure je préfère me raviser, le temps est trop bouché près des sommets. Je fais demi tour et prends le chemin pour Pomabamba que je dois atteindre dans la journée afin d’y trouver un hôtel et recharger la caméra. En chemin je rencontre un « campesino » qui rentre lui aussi à la ville. J’entame ainsi une longue descente dans les pâturages boueux de la cordillère blanche. En milieu de journée, nous croisons la femme de Jésus qui rentre de la ville les sacoches pleines de provisions. Elle doit encore passer les montagnes qui lui font face avant la nuit alors elle ne traîne pas. Au cours de la descente, la vallée est de plus en plus habitée. Je découvre des petits villages pour lesquels la marche à pied et le cheval sont les seuls moyens d’accéder à ces lieux escarpés. Même une Versys ne passerait pas ! La journée se passe ainsi au fil des rencontres qui m’accompagnent plus au moins longtemps jusqu’à Pomabamba où j’arrive les pieds « en sang » après plus de 10 heures de marche.

Après 6 jours dans les montagnes j’ai du mal à atterrir dans cette petite ville où tout devient facile. Je ne reste qu’une nuit. Le lendemain, je repars dans les montagnes après avoir soigné mes pieds. Ils ont encore 4 jours à tenir alors je fais attention à ne pas trop forcer. Le soir je me réinstalle dans ces hauts alpages qui sont devenus ma maison.

La journée suivante, je traverse une nouvelle vallée agricole où chaque rencontre est l’occasion de demander mon chemin pour la lagune Huecrococha où je ferai une dernière pause gastronomique avant de repartir définitivement dans les montagnes dans lesquelles j’irai Jusqu’à suspendre mon hamac à deux eucalyptus à 4200 mètres d’altitude.

Au réveil, la vue elle pas magnifique ! Je passe en fin de matinée un énième col, puis redescend vers la lagune Huishcash avant de remonter vers le col de Punta Union à 4700 mètres. Mon dernier col, ouf ! Maintenant ce n’est plus que de la descente, et ce sera mon dernier bivouac.

Le dernier jour, je termine par la Quebrada Santa Cruz où je croise Pedro et son fils partis deux jours pour surveiller leurs bêtes dans les montagnes. Il me reste alors 3 heures de marche et c’est la fin de cette « terrible » aventure dans les montagnes de la Cordillère Blanche. Je récupère enfin ma Versys et, au terme d’une heure de piste, me retrouve à Caraz où je peux enfin me reposer."